Carnet de route

Grande voie dans les Aiguilles Rouges

Le 30/06/2025 par Guillaume Méjat

Fin juin-début juillet, Jérôme et Maryse ont organisé deux jours d’escalade en grande voie dans les Aiguilles Rouges. En pleine période de canicule, nous partons à six pour Chamonix, espérant pouvoir grimper au frais. Le problème, c’est que si, en plaine, le temps est toujours (trop) sec, il est prévu que le tonnerre commence à gronder en montagne. Les jours qui précèdent le départ, on scrute météoblue et on hésite … La veille, on voit que des orages sont annoncés à partir de 15h le lendemain et que le surlendemain est beau. Mais bon, ça change tout le temps… Allez, on tente le coup et on verra !

Lundi 30 juin : « Lady » et « Penny Lane » aux Cheserys

Le premier jour, Jérôme choisit des voies aux Cheserys, pour que l’on puisse descendre rapidement en cas d’orage. Nous nous retrouvons donc au parking de Tré-le-Champ en milieu de matinée. Il fait encore très chaud et les nuages commencent déjà à bourgeonner sur les sommets. Pendant la marche d’approche, on contemple le massif du Mont-Blanc, dont les glaciers semblent bien souffrir en cette période de canicule. Le topo indique une bifurcation après un torrent. De ce dernier, il ne reste plus que le lit … Arrivés au pied des voies, on se répartit : Jérôme, Florence, Jeanne-Marie et Maryse partent dans « Lady » tandis que je pars avec Pierre dans « Penny Lane ». Les deux voies ont été équipées il y a peu, se déroulent dans de belles dalles de gneiss et sont d’un niveau abordable (la première en 5B, la seconde en 5B+). Nous sommes tout seuls (la chaleur ? Les orages?) et nous avançons à un bon rythme. À 15h, nous nous retrouvons tous au sommet (les deux voies sont d’abord parallèles et finissent par converger) et commençons les rappels. Au même moment, la pluie commence à tomber. D’abord, il n’y a que quelques gouttes, mais le ciel est bien chargé et on sent que ça va se mettre à tomber sévère. Florence et Jérôme partent les premiers. Avec Maryse, Jeanne-Marie et Pierre, on décide de descendre sur les mêmes cordes. Alors que Jérôme et Florence sont presque en bas, l’orage éclate et on se prend une averse d’enfer. Il nous reste au moins quatre rappels à effectuer, la grêle commence à tomber et des petites cascades se forment sur la falaise. On reste concentrés et on avance … Arrivés en bas, on est presque secs, mais on se reprend la même… Finalement, on aura mis plus de temps à descendre qu’à monter et on se retrouve tous, trempés jusqu’aux os, chez Florence qui nous accueille chez elle à Vallorcine.

Mardi 1 juillet : « Label Virginie » au Clocher de Planpraz

Aujourd’hui, on hésite. Les différentes météo sont contradictoires et la voie que Jérôme avait prévue (l’éperon SSE de l’aiguille de la Charlanon) implique une marche d’approche assez longue. D’autre part, après notre journée bien chargée de la veille, on n’a pas réussi à être prêts pour prendre la première benne au Brévent. On a repéré une autre voie, un peu plus dure, mais peut-être plus belle et un peu moins éloignée de l’arrivée des cabines. On attend d’être sur place pour se décider. Arrivés à la bifurcation qui permet d’atteindre l’attaque de « Label Virginie », on ne voit personne dans la voie. On décide donc de monter fissa. Après une rude montée dans un pierrier et des pentes herbeuses, on arrive au pied de la voie et on se rend compte de notre erreur : trois cordées sont en train de partir et semblent peiner dans la première longueur que l’on croit être en 4B (alors que la suite se compose de longueurs en 5B et d’un passage en 5C). On regrette. Si on avait décidé de partir dans l’aiguille de la Charlanon, on aurait certainement été tout seuls et on aurait terminé la voie sans problème … Bon, au pire, si on est pris par le temps, on sortira à l’échappatoire qui se trouve au quatrième relais. Pierre part en tête dans la première longueur. Il tâtonne un peu, passe sans trop de problèmes, mais s’étonne de la cotation. Maryse le suit en seconde et confirme son impression. On commence à se dire que la suite va être compliquée… Jeanne-Marie et Jérôme suivent. Jeanne-Marie passe en tête avec élégance. C’est mon tour de partir en tête. Effectivement, cette première longueur pique un peu : d’abord un dièdre, difficile à négocier, puis une dalle pourvue de petits grattons, avec des points bien éloignés les uns des autres. Je serre les fesses, mais Florence m’encourage et me conseille. La suite va beaucoup mieux. Ça reste soutenu, mais un peu moins technique. On se rend rapidement compte que notre première longueur était un 5B et non un 4B (sans nous en rendre compte, nous avons sauté la première longueur). Quoi qu’il en soit, les cotations ne sont pas les mêmes que celles de la veille... Les cordées qui nous précèdent avancent bien et nous pas trop mal. C’est bon, on va pouvoir terminer et sauver cette deuxième journée. Les longueurs s’enchaînent, toutes plus belles les unes que les autres. On aperçoit un groupe dans la traversée des clochetons. Rapidement, on se rend compte qu’il s’agit de nos camarades bisontins du stage initiateur alpi organisé par Didier. L’arrivée au sommet du clocher de Planpraz est magnifique : une dernière longueur sur le fil de l’arête et un long rappel depuis un sommet exigu. Toutefois, l’heure commence à tourner. Avec Florence, on arrive au sommet vers 16h et la dernière benne part à 17h. Jeanne-Marie, Maryse et Jérôme commencent la descente pendant que nous préparons le rappel. Ils essayeront de négocier pour que les agents de la cabine nous attendent. Pierre est resté au pied du rappel pour nous aider à lover les cordes. On se dépêche, on court comme des dératés et l’orage commence à gronder. C’est bon, on peut descendre avec la benne. Il ne nous reste plus qu’à prendre un verre bien mérité et à rentrer à Besançon, crevés mais rassasiés par ces deux journées bien remplies.

Merci encore à Maryse et à Jérôme d’avoir organisé ce week-end, à Florence de nous avoir accueillis chez elle et à tous pour la bonne humeur.