Carnet de route

Vias ferratas des Dolomites
Le 18/08/2025 par Guillaume Méjat
L’avant-dernière semaine d’août, Hervé nous a proposé une semaine d’itinérance dans les Dolomites. Il s’agissait de traverser trois groupes ou sous-groupes des Dolomites en passant par les vias ferratas.
Le dimanche 17 août, nous sommes huit à partir en minibus, en direction du col de Costalunga, proche de Bolzano. La route est longue, mais le trajet est en lui-même intéressant et dépaysant : habitués à parcourir les Alpes occidentales, nous découvrons, au fil des kilomètres, des massifs inconnus. Arrivés au col de Costalunga en milieu d’après-midi, nous y laissons le minibus et nous mettons en marche pour rejoindre le refuge Roda di Vael. Ce dernier se situe dans le groupe du Catinaccio ou Rosengarten (il tire son nom du fait qu’il se pare de reflets roses au coucher du soleil), dans lequel nous passerons nos trois premiers jours. L’humidité du sol nous fait comprendre qu’il y a eu un gros orage peu de temps avant notre arrivée. Le temps est en train de repasser au beau et nous devrions être tranquilles pendant au moins deux jours. Hervé nous a prévenus : la météo, dans les Dolomites, est capricieuse. Croisons les doigts ! En arrivant au refuge juste avant le repas du soir, c’est l’émerveillement : nous marchions en forêt, dans un cadre bucolique et, tout à coup, après un virage, nous nous retrouvons dans un univers minéral et vertical. Ici, il n’y a pas de transitions et d’étages intermédiaires : des vallées verdoyantes, s’élèvent, sorties de nulle part, des parois d’une raideur effrayante.
Les deux premiers jours, le soleil brille et on profite ! Nous parcourons d’abord la via ferrata Masaré, juste à côté du refuge Roda di Vael. Comme toutes les autres vias de la région, elle est sans fioritures : la plupart du temps, l’équipement se réduit à une ligne de vie et oblige à toucher le rocher. Nous rejoignons ensuite le refuge Passo Principe par un chemin de randonnée. On pénètre un peu plus dans le groupe du Catinaccio et on a rapidement l’impression d’être dans un autre monde. Au programme du deuxième jour, deux vias ferratas : la via Laurenzi, qui suit l’arête du Molignon et la via du Catinaccio, qui permet de gagner le sommet du point culminant du massif. La météo annonce des risques d’orage pour le milieu d’après-midi. On se dépêche, d’autant plus que deux jours de pluie nous attendent et que l’on veut profiter du beau temps. On parcourt la première via dans le brouillard et dans une sacrée ambiance : l’itinéraire suit une arête parfois assez effilée et réserve quelques descentes techniques. Après un rapide pique-nique, on se lance dans la deuxième via. On a tenu l’horaire, mais les nuages se sont déjà bien accumulés et un guide nous déconseille de continuer. Hervé, prudent, nous fait faire demi-tour et improvise une petite randonnée alpine sur le chemin du refuge.
Le troisième jour, il était prévu que l’on redescende dans la vallée par l’intermédiaire d’un sentier équipé avant d’effectuer un transfert vers un sous-groupe du groupe de la Marmolada. La pluie étant annoncée dès le milieu de matinée, on avait dû faire le deuil du « sentiero attrezzato », mais on espérait pouvoir descendre au sec dans la vallée. Problème : à notre réveil, il pleut déjà des cordes … Commencent pour nous deux jours à jouer au chat et à la souris avec le pluie. L’objectif, pas toujours atteint, est de passer d’un refuge à l’autre en restant au sec. Le ciel est bas et le temps est long. Heureusement, les refuges des Dolomites, comme la plupart des refuges italiens, savent réconforter le randonneur : les festins se succèdent et il faut faire les bons choix (gare aux pasta en premier plat!) et ne pas se jeter sur le Strudel au dessert pour ne pas ingérer plus de calories qu’on n’en a dépensées. Chacun vaque à ses occupations et attend patiemment le retour du beau temps : Gilles apprend l’italien en se plongeant dans la littérature locale, Marlène, Pierre, Aurélie, Michèle et Élisabeth tapent le carton, Hervé travaille ses itinéraires et je lis le Monde diplomatique, histoire de ne pas l’avoir transporté pour rien.
Le cinquième jour, la pluie s’arrête enfin et nous pouvons à nouveau suivre le programme établi par Hervé. Nous sommes encore dans le groupe de la Marmolada, près de la Punta Vallacia, et nous découvrons enfin le paysage. C’est moins spectaculaire que le Catinaccio, mais tout aussi beau. La via du jour, dédiée à un certain Franco Gadotti, nous mène le long d’une crête qui réserve de très beaux points de vue sur la vallée et sur les groupes voisins. En milieu d’après-midi, nous effectuons un dernier transfert : un bus et une cabine nous mènent non loin du refuge Torre di Pisa, dans le petit groupe du Latemar. Le refuge est grand confort et la via du lendemain s’annonce magnifique : elle traverse ce petit massif à la physionomie singulière. L’ombre au tableau, c’est qu’Hervé a une entorse à la cheville et ne pourra pas faire l’étape avec nous, alors qu’il avait déjà dû renoncer, il y a quelques années, à traverser le Latemar. Il redescendra donc avec la cabine et trouvera un moyen de nous rejoindre au col de Costalunga.
Merci encore à Hervé pour l’organisation aux petits oignons et à tout le monde pour cette très belle semaine !